« C’est beau, c’est ma première sélection et je marque. Je ne peux pas rêver mieux. Et comme en plus on a gagné, c’est le plus important ».
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En route vers l’afrique
Il a été choisi par Raymond Domenech ce lundi pour faire partie des 24 Bleus retenus pour le stage de préparation de la Coupe du monde à Tignes. Et sera bien dans la liste des 23 présents en Afrique du Sud, puisque ce sera un défenseur central qui devrait être écarté au dernier moment. Mathieu Valbuena s’est exprimé lundi en fin d’après-midi devant la presse marseillaise. Heureux, détendu, souriant. L’inverse du sélectionneur en quelque sorte. Que ça fait du bien !
Quand avez-vous appris que vous étiez dans le groupe des 23 ?
«J’ai appris ça vers 12 heures (lundi) par ma mère. Je lui téléphonais pour autre chose et c’est elle qui m’a annoncé que la liste avait été dévoilée et que j’étais sélectionné pour la Coupe du monde. Plus tard dans l’après midi l’intendant de l’équipe de France me l’a confirmé.»
Qu’avez-vous ressenti sur le coup ?
«Quand j’ai été retenu dans la liste des 30, je ne m’y attendais pas, j’ai eu beaucoup d’émotion et je n’ai pas pu me retenir. Après quand on est dans les 30 on espère pouvoir être dans les 23 !
Cela a été de la joie, de la fierté parce que je reviens tellement de loin… En 2008, j’avais connu une blessure qui m’avait privé de cette équipe de France, et moralement ça a avait été dur. J’étais alors très triste, je le répète. Là, je vais disputer une Coupe du monde avec une préparation à Tignes, ça va être quelque chose de fort !»
Vous avez encore les yeux qui brillent en parlant…
«C’est vrai. Car j’ai vécu une année exceptionnelle avec l’OM, que ce soit sur le plan individuel ou collectif, et à présent je vais en Coupe du monde alors que je n’ai aucune sélection. C’est super ! Je vis le moment présent, demain (mardi), je vais rejoindre le stage à Tignes avec beaucoup d’humilité et beaucoup de détermination. Je pense que ce sont les deux mots essentiels.»
Mais vous êtes dans les 24 retenus, et encore un joueur devra partir d’ici le début de la compétition…
«On peut toujours s’attendre à tout, mais, pour l’instant je ne me prends pas la tête avec à ça.»
Comment pouvez-vous décrire votre parcours atypique avant cette sélection ?
«Déjà pour moi quand j’ai quitté les Girondins je croyais que l’OM c’était inaccessible. Alors je ne parle pas de l’équipe de France ! Quand j’ai signé à l’OM je voulais vivre de belles émotions, mais j’étais loin d’imaginer que j’allais vivre les émotions vécues dernièrement, que ce soit en Coupe de la Ligue ou pour le titre de champion. Alors faire une Coupe du monde est quelque chose d’extraordinaire et encore le mot est faible. J’étais loin d’imaginer un jour que tout cela pouvait m’arriver.»
Comparez-vous votre parcours à celui connu par Franck Ribéry ?
«Oui, bien sûr, mais c’est bien que des choses comme ça arrivent. Chacun à des exemples à suivre et aujourd’hui Franck, c’est un exemple. Il arrive du National, il a atterri à Marseille où il a éclaté et ça lui a permis de faire une Coupe du monde en 2006. Ce qu’il fait depuis est quelque chose de fantastique pour lui. On essaye de prendre exemple sur de grands joueurs comme ça. Moi je m’inspire de ça avec mes qualités.»
Quel est votre objectif à la Coupe du monde ?
«J’y vais avec beaucoup d’humilité et de détermination. Je vais apprendre parce qu’il y a de grands joueurs qui ont gagné beaucoup de choses. Cela va être d’abord une aventure humaine pour moi, quelque chose d’extraordinaire à vivre. Vous me connaissez un peu maintenant, je ne vais rien lâcher, je ne vais pas rester sur mes acquis, je ne vais pas me dire ça y je suis en Coupe du monde, c’est bon ! Non, je vais bosser, je veux apporter ce que je sais faire que ce soit cinq, dix minutes. Si je joue, je veux être prêt et je veux donner le maximum de moi-même. Je ne me prends pas la tête. Je vais essayer d’apporter de la folie. Quand on arrive en équipe de France on peut avoir les yeux qui pétillent, je vais avoir les yeux qui pétillent forcément, mais j’ai eu ça quand je suis arrivé à l’OM. J’ai connu de grands joueurs comme Samir (Nasri) Franck (Ribéry). Après je sais faire des choses, je ne sais pas en faire d’autres, mais je vais essayer d’apporter ce que je sais faire. Je veux faire du Mathieu tout simplement ! C’est important de ne pas déjouer.»
Que connaissez-vous de l’équipe de France ?
«J’ai en mémoire l’élimination contre la Bulgarie en 1993. J’étais triste pour l’équipe de France, mais je me souviens surtout de cette finale de la Coupe du monde 98 gagnée contre le Brésil. J’ai suivi tous les matches en tant que Français passionné de foot. Cette année c’est vrai que ça a été difficile de se qualifier mais aujourd’hui il y a Coupe du monde qui arrive, et il faut faire les meilleures choses possibles. Beaucoup de gens ne croient peut-être pas en l’équipe de France, mais il y a beaucoup de talents dans cette équipe. A côté de ça je demande souvent comme ça se passe. Steve (Mandanda) m’a déjà un peu parlé de la sélection. Cheyrou et Ben Arfa aussi.»
Avez-vous eu au téléphone des joueurs comme Cheyrou ou Ben Arfa, justement ?
«Je n’ai pas pu les avoir parce qu’ils partaient au même moment vers Marrakech. J’ai eu un message de félicitation du coach et ça m’a fait très plaisir. J’ai parlé avec Pape Diouf au téléphone aussi.»
En raison de cette sélection inattendue, avez-vous dû annuler vos vacances ?
«C’est un plaisir de les annuler ! Je devais partir à Marrakech avec l’OM et après à Saint-Barthélemy avec ma copine. J’avais préparé les vacances parce qu’en décembre ou en janvier j’étais loin d’imaginer que je pouvais faire partie d’une liste pour la Coupe du monde. En cinq ou six mois il y a eu quand même du chemin de fait et quelque part je suis fier de ça.»
Que représente le maillot de l’équipe de France ?
«Je compare ça à ce que j’ai ressenti la première fois que j’ai porté le maillot de l’OM à l’entraînement. Quand j’ai vu l’écusson avec l’étoile, c’était formidable ! Pour tout joueur Français qui porte la tenue de l’équipe de France, c’est un conte de fée, c’est merveilleux !»
Qu’allez-vous faire en arrivant à Tignes ?
«Je vais retrouver Franck, Djibril, il y aura Steve, je connais aussi Carrasso. Je pense qu’avec Franck on va rigoler, je m’attends à une petite blague de sa part mais j’espère que ça va bien se passer. Il n’y a pas de souci. Je vais avoir les yeux qui pétillent et ça c’est normal, c’est humain. Je vais un peu arriver sur la pointe des pieds mais après avec la confiance on se libère. Quand je vais être dans le rectangle vert, je vais me donner à fond pour être au maximum. Après il y aura une préparation pour que l’équipe de France soit prête pour le premier match, afin qu’elle soit compétitive dès le départ, mais pour ça je vais confiance au coach.»
Comment avez-vous vécu vos moments difficiles avec Deschamps durant toute la première partie de saison ?
«Cela a été un mal pour un bien. Cela m’a permis de pouvoir prendre conscience de pas mal de choses. Parfois on croit faire bien et on ne fait pas bien, mais le coach a su me dire aussi ses vérités.»
La France peut aller au bout en Coupe du monde ?
«Toutes les nations qui sont à la Coupe du monde ne sont pas là par hasard. Il y a beaucoup de pays qui sont déjà favoris. Nous on est dans un groupe qui ne va pas être facile, l’Uruguay est une très bonne formation, il y a l’Afrique du Sud qui est le pays organisateur, mais je pense qu’on est dans un groupe qui est à notre portée, même si ça ne va pas être facile. Mais ça va être compliqué pour tout le monde.»
A qui attribuez-vous votre réussite ?
«Mes pensée sont pour mes parents parce qu’ils me soutiennent tout le temps. Ils ont su être là dans les moments difficiles. Je n’oublie pas aussi José Anigo, Eric Gerets qui a énormément compté pour moi, et Pape Diouf.»
Qui rêvez vous d’éliminer en finale de la Coupe du monde ?
«L’Espagne ! J’aime beaucoup cette grande nation, ça serait le plus grand rêve pour moi. Car mon père est Espagnol. Il a toute sa famille là-bas, et je sais qu’il sera mon premier supporter, malgré tout.»
Comment jugez-vous Raymond Domenech ?
«Il est beaucoup critiqué mais il a amené l’équipe de France en finale de la Coupe du monde, tout de même.»
Ne n’aviez-vous jamais critiqué jusque-là ?
«Je ne critique pas les gens que je ne connais pas.»
Point presses à La Commanderie le 18/05/10
